Si vous entrez dans ce blog, c’est que je suis en chemin entre Ani et Diyarbakir, sur près de 1000 km, du 12 juillet au 16 août 2015.
Je marche en Turquie orientale, dans le sillon de l’histoire, là où les Arméniens et les Assyro-Chaldéens-Syriaques ont vécu pendant des millénaires, là où ils ont érigé des civilisations rayonnantes, là où ils été anéantis il y a cent ans. Je marche sur des chemins de mémoires, porté par le souvenir de mes aïeuls pour ne pas oublier.
Je marche pour éprouver mes certitudes autant que mes doutes. Je marche porté par les pensées, les prières et les rêves de mes proches. Je marche en quête d’un avenir, porté par cet irrépressible besoin de ressentir dans mon corps et dans mon coeur la grâce de vivre. Je marche à la recherche d’une fraternité encore possible, dans le respect de la vérité et le désir de justice.
Je ne sais pas ce que je trouverai au bout de cette « marche », ni même si je trouverai quelque réponse que ce soit, mais vous pouvez m’y aider. Alors, rejoignez-moi dans cette marche par vos lectures, vos pensées et vos écrits.
POURQUOI MARCHER ?
MARCHER C’EST VIVRE. Depuis sa naissance et jusqu’à son dernier souffle, l’être humain aspire à se mettre debout et à marcher. C’est ainsi qu’il conquiert son autonomie et exprime sa dignité. Depuis la nuit des temps, les êtres humains marchent à la recherche de terres hospitalières et fertiles. C’est ainsi qu’ils survivent et cultivent l’espoir.
Et pourtant, il y a cent ans, les Arméniens, les Syriaques et les Chaldéens des provinces orientales de l’Empire ottoman ont été jetés sur les routes du désespoir, contraints de marcher vers leur mort programmée. En ce temps-là, l’inhumanité était la norme. Exterminer était légal, kidnapper était licite, voler était normal, détruire était possible. Un Etat-criminel dirigeait alors un Empire. Il avait inventé un nouveau concept d’anéantissement, quasiment unique dans les annales de l’histoire du XXème siècle : « les marches de la mort ». C’était l’été 1915.
MARCHER C’EST PÉRÉGRINER. Dans toutes les spiritualités, marcher est un moyen pour penser, rêver, méditer, prier et contempler. Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, l’homme qui marche est un homme qui prie. Que l’on croit au Ciel ou que l’on n’y croit pas, le pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle est un chemin emprunté par des millions de personnes depuis le IXème siècle.
Autrefois, les Arméniens marchaient en pèlerinage les jours de fête vers leurs grands monastères, à Van, Kharpert, Aghpak, Narek (…). Le plus célèbre des pèlerinages se déroulait à Mouch, au monastère Sourp Garabed (Saint Jean-Baptiste). Ce monastère a été en partie démoli en 1915. Transformé en carrière, ses pierres ont été réemployées par les populations installées au milieu du domaine. Aujourd’hui, seuls quelques pans de murs sont encore visibles. Depuis 1915, que sont devenus les cinq-cents monastères et deux-mille-cinq-cents églises d’Arménie Occidentale (Turquie Orientale) ? Pour l’essentiel des charniers de pierres. Seuls quelques édifices ont été reconstruits, notamment l’église palatine Sainte Croix d’Aghtamar et la cathédrale Sourp Guiragos (Saint Cyriaque) à Diyarbakir.
MARCHER C’EST DEMANDER JUSTICE. Dans toutes les sociétés, les êtres humains marchent pour réclamer justice. La marche du sel pour l’indépendance en Inde, du 12 mars au 6 avril 1930. La marche de Washington pour le travail et la liberté, le 28 août 1963. La marche pour l’égalité et contre le racisme, entre Marseille et Paris, du 15 octobre au 3 décembre 1983. Et bien sûr, la marche-hommage à Hrant Dink, le jour de ses funérailles, le 23 janvier 2007. Sur les pancartes on pouvait lire « Nous sommes tous des Hrant Dink. Nous sommes tous des Arméniens. ». L’homme qui marche est un homme qui crie…
La marche pour la vie et la justice 2015
Cette marche de près 1000 kilomètres a commencé à Ani le 12 juillet 2015. Capitale de l’Arménie en l’an mil, Ani est établie en Turquie juste à la frontière arménienne. Un fleuve sépare les deux pays. Et au milieu coule une rivière. Autrefois un pont de pierre reliait les deux rives. Aujourd’hui, il est détruit. Personne ne passe. La frontière est fermée. Mais demain….
Cette marche aboutira à Diyarbakir le dimanche 16 août 2015, où se déroulera un pèlerinage exceptionnel, en l’église Sourp Guiragos (Saint Cyriaque), restaurée et rouverte au culte depuis quatre ans.
Marcher au XXIème siècle c’est permettre aux Arméniens, aux Syriaques, aux Chaldéens, aux Grecs, aux Turcs et aux Kurdes de pouvoir témoigner d’une fraternité encore possible, une fraternité en marche.
il me tarde de lire tes mots sur le démarrage de cette marche “folle” téméraire et si essentielle !
je t’envoie toutes mes pensées avec mes voeux de joie profonde.
T’embrasse
Lina
Bonjour Pascal,
Mon premier message ne s’est pas enregistré, alors je reessaye. Courage, pas après pas, tu vas être aidé…….par toutes les pensées de tous ceux qui suivent ta marche et pensent à toi ; par ta force ; ta foi.
On ne peut imaginer toutes tes difficultés mais en lisant ton blog on les comprendra et en mêmre temps on se dit il le fait pout nous aussi .
Suite de mon message : je lis en ce moment le livre de Joseh YACOUB.
Je t’embrasse. Maman.
salut frangin, un petit mot pour te dire que ta sœur t’aime très fort même si dans la vie nous ne prenons pas les mêmes chemins, je suis là surtout pour t’apporter tout mon soutien. Il faut être très fort dans sa tête et ses convictions pour faire cela.
je suis très fière te t’avoir comme frère.
bisous agnès
Courage pacalou, que la force soit avec toi !
Bisous, fiston.